Chez l’athlète, la prévalence de l’utilisation des compléments alimentaires est estimée entre 40 et 100% selon le type de sport, le niveau de pratique et la définition de compléments alimentaires. En effet, il faut distinguer les compléments alimentaires des produits diététiques de l’effort (aliments destinés à une alimentation particulière) qui ne relèvent pas de la même réglementation.
Il est important de préciser que ces produits sont des denrées alimentaires et qu’ils ne sont pas évalués avant leur mise sur le marché. Ces produits présentent-ils des risques pour la santé des sportifs ? Les allégations mentionnant un bénéfice sur la performance sont-elles fondées scientifiquement ?
Les risques susceptibles d’être liés à la prise de compléments alimentaires
Les compléments alimentaires et produits diététiques destinés à l’usage des sportifs peuvent contenir des substances interdites par l’Agence Mondiale Antidopage, soit de façon non intentionnelle (contaminée croisée, erreur d’étiquetage), soit par l’ajout de la substance sans en faire mention sur l’étiquetage. Une étude avait analysé 634 compléments alimentaires provenant de 13 pays et de 215 fournisseurs différents : 14,8% contenaient des stéroïdes anabolisants dont la présence n’était pas mentionnée sur l’étiquetage. Le risque pour le sportif est de positiver un contrôle antidopage.
En France, il existe depuis 2009, un dispositif de nutrivigilence dont l’objectif est de surveiller les effets indésirables liés à la consommation des compléments alimentaires, des aliments enrichis, des nouveaux aliments et des aliments destinés à une alimentation particulière (dont les aliments diététiques de l’effort). En 2016, l’Anses [1] a publié un rapport : 49 cas d’effets indésirables (majoritairement d’ordre cardiovasculaire et psychiatrique) susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs visant à réduire la masse grasse ou à augmenter la masse musculaire ont été déclarés depuis 2009 dont 8 cas d’imputabilité vraisemblable.
Les bénéfices démontrés de certaines substances sur les performances
Seulement quelques substances sont concernées : la caféine, la créatine monohydratée, les nitrates, la béta-alanine et les bicarbonates. Toutefois, l’effet positif de ces substances n’est obtenu que pour certains types d’exercices et selon des protocoles précis avec une variabilité individuelle (microbiome, génétique, habitudes alimentaires, niveau d’entraînement). Aussi, ces substances peuvent s’accompagner d’effets indésirables :
Depuis Juillet 2012, la norme AFNOR NF V 94-001 permet de garantir l’absence de substances interdites dans les compléments alimentaires et autres denrées destinés aux sportifs. Contrairement à ce qu’on peut voir sur les emballages des produits, aucun logo ne permet d’identifier les produits normés. Seule, la mention « Le produit est conforme à la date de libération du lot, à la norme AFNOR NF V 94-001 » est valable. Toutefois, elle ne garantit pas la pertinence de la composition nutritionnelle du produit.
Le fait de consommer de façon excessive et inappropriée des compléments alimentaires dans le but d’améliorer ses performances physiques et mentales peut s’assimiler à une conduite dopante.
Au-delà du risque d’ingérer une substance interdite, des effets indésirables graves ont été rapportés dans la bibliographie et un risque de dépassement des limites de sécurité en certains micronutriments existe.
En résumé, le sportif pourrait recourir à l’utilisation des compléments alimentaires et/ou des produits diététiques de l’effort en cas de :
L’information du sportif et de son entourage reste la meilleure prévention du dopage. Elle doit s’adresser plus particulièrement aux populations sensibles (sportifs souffrant de troubles du comportement alimentaire, enfants et adolescents).
Recommandations en matière de compléments alimentaires et produits diététiques de l’effort :
- Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
Diététicienne nutritionniste
Ingénieur de maîtrise en Ingénierie de la Santé
Diplôme de Recherche Technologique en Génie Alimentaire et Biologique
D.U. Nutrition de l’enfant et de l’adolescent
D.U. Nutrition du Sportif
Diplôme Inter Universitaire en Troubles du comportement alimentaire